RABBI REFAEL ENKAOUA
Né à Salé en 1848 mort en 1935
Grand Rabbin, Président du Haut Tribunal Rabbinique du Maroc et juriste réputé partout en Afrique du Nord et en Israël, chevalier de la Légion d'Honneur, très estimé par le pouvoir français du protectorat ainsi que par les autorités marocaines. Il est l'auteur d'un grand nombre d'ouvrages de jurisprudence : Qarnè Réèm , des consultations et décisions juridiques; Paâmonè Zahab, , sur le Choulhane Âroukh et le Hochène Michepat; Séfère Hadad wé-Tèma, , des écrits sur le Talmud.
En 1880, il est nommé Av Beth-Din de salé, c’est-à-dire, Président du Tribunal Rabbinique de la ville en remplacement de son beau-père qui s’installe à Yeroushalaim pour y diriger la communauté sépharade. Rabbi Refael Enkaoua durant toutes ces années, n’acceptera jamais de percevoir le moindre salaire. Il vit de quelques affaires financières et va même de ses propres deniers, fonder une Yéshiva dans la ville. Il est à cette époque déjà considéré comme l’un des plus grands des Rabbanim du monde sépharade.
En 1912, le Maroc est placé sous protectorat français, avec à sa tête le maréchal Lyautey. Dans leur désir de réformer et de moderniser l’administration et la justice locales tout en conservant leurs caractères et spécificités religieuses, les nouvelles autorités exigent que les Juifs nomment un comité représentatif de leur communauté, il est décidé d’établir un poste de Grand Rabbin du Maroc qui représenterait les Juifs vis-à-vis du nouveau gouvernement. Ce poste est confié à Rabbi Raphael Encaoua zatsal malgré ses nombreuses marques de refus en raison de sa grande modestie, sa profonde humilité ainsi que du respect qu’il éprouvait pour Rabbi Chelomo Ben Danan, le Rav de la ville de Fès.
A partir de 1918, la communauté juive du Maroc se voit dotée de sept Tribunaux Rabbiniques de première importance, avec des pouvoirs très élargies pour les plus grandes villes, Casablanca, Rabat, Fès, Meknès, Marrakech, Oujda et Moggador ainsi que d’autres avec des pouvoirs plus limités dans d’autres villes du pays, Agadir, Safi, El Jadida, Setat, Beni-Mellal, Damnet et Ouezanne.
Mais c’est principalement la mise en place d’un Tribunal Rabbinique de Grande Instance pour appels qui est considérée comme un événement exceptionnel dans le paysage juridique marocain. En effet, cette haute instance dirigée par Rabbi Raphael Encaoua est composée de Dayanim (juges) qui ont non seulement le statut de fonctionnaires d’Etat (et par la même, perçoivent un salaire du ministère) mais surtout disposent de prérogatives identiques à celles en vigueur dans l’appareil juridique de l’Etat.
La stature rabbinique et juridique de Rabbi Raphael Encaoua, sa droiture, son érudition phénoménale, ses liens solides avec les dirigeants du protectorat, la maison royale ainsi qu’avec les érudits musulmans de son époque, tout ceci a contribué à rehausser davantage sa gloire et celle de son peuple vis-à-vis de tous.
Son enterrement à Rabat la capitale, est suivi par les plus hautes personnalités du pays. Son influence et son aura sont tels que les us et coutumes des prières jusque-là très discrets, vont être dorénavant très ouverts. L’endroit où il est enterré devient rapidement un lieu de pèlerinage vénéré également par les musulmans du pays.